Le travail a-t-il perdu son sens ?

Le travail a-t-il perdu son sens ?

source : https://www.franceculture.fr/emissions/le-pourquoi-du-comment-economie-et-social/le-travail-a-t-il-perdu-son-sens

Comment expliquer les difficultés de recrutement et les vagues de démissions que connaissent de nombreux pays ? Les conditions de travail sont souvent pointées du doigt, mais peut-être est-ce le travail en lui-même qui perd progressivement son sens ?

Les difficultés de recrutement que connaissent de nombreux pays et le phénomène qualifié de « grande démission » aux Etats-Unis – où quatre millions de personnes ont quitté leur emploi en août 2021 – suggèrent qu’il existe probablement un problème de conditions de travail. A moins que le travail n’ait perdu son sens ? 

Quelles sont les causes de la progression du sentiment de perte de sens du travail ? 

La crise sanitaire a constitué un moment tout à fait exceptionnel durant lequel les questions relatives au travail, à ses conditions d’exercice et à son sens ont eu la possibilité de se déployer. A l’impact de la crise sanitaire s’est ajouté celui de la crise écologique qui contribue à accroître les inquiétudes, à raccourcir l’horizon et à s’interroger sur la manière pour chacun de contribuer, notamment à travers son travail, à la réorientation de nos sociétés.
Même si jusqu’à aujourd’hui ces questions semblaient réservées aux plus jeunes, les générations Y et Z étant considérées comme particulièrement concernées par ce type de questionnement, il n’en est rien en réalité. Dans plusieurs enquêtes, depuis plusieurs années, de nombreuses catégories professionnelles, en particulier les agents de services publics avouent se poser des questions sur le sens de leur travail en particulier lorsqu’ils ont le sentiment de ne pas pouvoir faire un travail de qualité. 

Dans un Document d’études de la DARES, intitulé Quand le travail perd son sensThomas Coutrot et Coralie Perez relient la montée de ce sentiment de perte de sens du travail à plusieurs phénomènes : les processus continus de fusion-acquisitions, de sous-traitance, de filialisation dus à la quête d’optimisation permanente de rendements financiers de la part des grands groupes ; l’introduction du New Public Management dans les services publics ; la codification et la standardisation du travail en raison de la diffusion des outils numériques ; les obligations permanentes de reporting et la mobilisation d’indicateurs chiffrés qui ne reflètent pas ce qui est important aux yeux des travailleurs. (…)